Les associations des quartiers prioritaires de la politique de la ville de Metz ont appris à la fin de l’été, l’annulation d’une partie conséquente des crédits pourtant déjà accordés aux quartiers les plus fragiles de notre agglomération. Ajoutée à la non-reconduction des contrats-aidés, cette décision met en péril les actions, voire l’existence même des acteurs de la vie associative. Un collectif s’est créé et a décidé d’interpeler les responsables politiques que sont le Président de la République et les neuf députés de Moselle, ainsi que le Préfet.
Ci-dessous, la lettre ouverte qui leur a été adressée :
Monsieur le Président de la République Française,
Mesdames, Messieurs les Députés de Moselle,
Monsieur le Préfet,
Nous avons souhaité vous alerter de la situation que nous nous apprêtons à vivre, dans nos quartiers, en raison de la décision du Gouvernement de réduire, voire supprimer, les enveloppes budgétaires dévolues à la politique de la ville, en sus de la décision de réduire le nombre d’emplois aidés.
Cette décision, prise en pleine période estivale, privera nos publics d’une part non-négligeable d’actions ciblées nous permettant :
- de lutter contre la délinquance et les incivilités,
- de favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes,
- de lutter contre tout type de discriminations,
- d’accompagner l’autonomie des jeunes dans leur vie quotidienne,
- de développer des activités avec et pour les jeunes,
- de favoriser l’accès aux droits, à la santé, à la culture…
- d’améliorer la réussite scolaire et de lever les difficultés éducatives,
- d’articuler insertion, apprentissage du français, qualification et accès à l’emploi pour des parcours de réussite,
- de créer du lien entre développement économique et emploi des habitants
- d’améliorer la coordination des acteurs du développement économique et de l’emploi
- de mutualiser les pratiques professionnelles pour construire des stratégies communes
- de renforcer les liens entre institutions, acteurs du territoire et habitants
- etc.
Toutes ces actions portées par la vie associative répondent aux objectifs du Contrat Ville de Metz Métropole dont l’Etat est signataire et pour lequel douze conventions interministérielles ont été signées avec le Ministère de la Ville. Il vous faut comprendre que cette vie associative investit les quartiers populaires depuis de nombreuses années. Or nous avons été informés que les subventions qui avaient été engagées et notifiées aux associations sont annulées à hauteur de 90153 € pour les territoires messins. De plus, les crédits CIEC sont eux aussi annulés pour l’exercice 2017. Ce sont plus de cinquante projets et actions coconstruits avec les usagers sur les territoires qui ne seront pas menés, ou qui seront interrompus.
Nous sommes surpris par la méthode et par la brutalité des annonces !
Ce sont des femmes et des hommes qui donnent de leur temps bénévolement pour tenter de répondre au mieux aux problématiques d’une société qui va mal, pour aider et accompagner des jeunes en perte de repère, pour permettre à d’autres femmes et d’autres hommes de relever la tête, apprendre la langue, les us et intégrer les valeurs de la République, pour devenir des citoyens actifs et faire société !
Ce sont également des professionnels de terrain, formés à la méthodologie de projet, à l’analyse financière, à la sociologie, à la communication, etc., à qui l’on demande de plus en plus de compétences, de plus en plus de temps et d’énergie pour répondre aux problématiques sociales et à la commande publique. L’Etat leur confie la formation des chômeurs les plus éloignés de l’emploi via des contrats d’insertion types CUI-CAE ou Emploi d’Avenir, ainsi que l’accompagnement des jeunes engagés en Service Civique. Mais comment sont financés les postes de ces professionnels ? Le Contrat-Ville préconise la mobilisation du « droit commun ». Mais si l’Etat rabote également les dotations aux collectivités territoriales, où va-t-on trouver des financements de droit commun ? Les postes associatifs sont le plus souvent financés sur projet. Or, cet été, le Gouvernement a décidé
d’annuler le financement de certains de ces projets. Nos équipes sont complétées par des salariés que nous formons et que nous accompagnons grâce aux contrats aidés type CUI-CAE. Or, cet été, le Gouvernement a supprimé nombre de ces emplois.
Nous vous rappelons que les crédits de la politique de la ville sont affectés à la lutte contre les inégalités pour permettre une péréquation territoriale. Ces décisions risquent d’accentuer les fragilités auxquelles nos concitoyens sont confrontés dans ces quartiers. Elles auront un impact sur la vie associative locale, sur la motivation des bénévoles, sur le sentiment d’abandon des populations concernées.
Nous sommes convaincus que la situation sur ces territoires nécessite un investissement plus fort de l’Etat sur ces quartiers.
Nous connaissons votre attachement à la vie associative ainsi qu’aux valeurs républicaines que nous véhiculons sur ces territoires et qui sont les fondements du vivre-ensemble. Nous comptons sur votre mobilisation.
Nous nous tenons à votre disposition pour répondre à toutes questions qui vous permettraient de mieux appréhender cette situation. Nous espérons que vous comprendrez l’urgence de celle-ci.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, Mesdames, Messieurs les Députés, Monsieur le Préfet, à l’assurance de notre considération.
Le collectif des associations des QPV messins :
A.S.B.H Centre Social A. Pioche, AFEV Metz, APSIS Emergence, Association culturelle des Tamouls de Metz, Association des Laotiens de Moselle, Association Franco-Asiatique, AMIs, Bouche à Oreille, Centre Socio Culturel ADACS, Compagnie Le Tourbillon, Contact 57, Couleurs Gaies, Cultures 21, Ecole des Parents et des Educateurs, Famille Lorraine de Metz-Borny, La Maison d’Anjou, La Passerelle, Les Amis d’Anatolie, Les PEP57, Les Petits Débrouillards Grand Est, Metz Pôle Services, MJC Metz-Borny, MRAP