Lundi 4 septembre, la Mairie a ouvert ses portes aux associations de Metz. Le but : permettre à ces structures de se réunir afin de prendre une décision commune, suite au retrait des crédits du Contrat de Ville. Une décision prise par l’État qui, associée à la disparition des contrats aidés, les fragilisent profondément.
La rentrée des associations de Metz n’a pas été de tout repos : outre la fin des contrats aidés, elles doivent aussi faire face au retrait des crédits, pourtant accordés par l’État, dans le cadre du Contrat de Ville. Ce revirement de la part du gouvernement a de quoi inquiéter les structures messines. Il représente, en effet, une perte de 90 000 euros sur les 130 000 prévus : un changement de budget pour le moins conséquent. D’autant que les actions sont déjà engagées.
Suite à cette annulation de crédits, une réunion exceptionnelle, regroupant les associations messines, s’est déroulée en présence d’Alexis Lambert, directeur adjoint du Pôle Politique de la Ville et Selima Saadi, adjointe chargée de la Politique de la Ville. Cette dernière a profité de l’occasion pour exprimer le désaccord de la Ville de Metz avec cette décision : « cela montre bien le manque de proximité des dirigeants avec les associations. C’est une mesure totalement arbitraire prise par des technocrates. Nous avons tenu à marquer notre mécontentement et avons donc écrit une lettre au Premier Ministre ». La Mairie a également tenu à alerter les médias, ce qui a été suivi d’un article dans le Républicain Lorrain mais n’a pas, pour l’instant, engendré une couverture médiatique au niveau national.
« Un symbole extrêmement violent »
Cette réunion a aussi permis aux associations présentes d’échanger sur cette décision et d’exprimer leur inquiétude. On les sent touchées suite à ce retrait de crédits inattendu. Moustapha Mébarki, responsable de projet à Cultures 21, l’affirme, ému : « ce ne sont pas que des fonds qui sont retirés. Ce sont des investissements depuis des années qui sont mis à mal ». Pour Renaud Minuel, délégué territorial Nancy-Metz à l’AFEV, il s’agit d’« un symbole extrêmement violent » tandis que Dominique Bonatti, la directrice de Metz Pôle Services, s’interroge : « comment peut-on aider les gens si on n’a pas de moyen pour mener des actions d’intégration par la langue française par exemple ? »
Le directeur d’APSIS Emergence, Mounir El Harradi, s’indigne : « c’est la première fois que des crédits qui ont été accordés sont ensuite retirés. C’est pour cela qu’il est important que nous ayons une réponse concertée ». Toutes les associations présentes s’accordent d’ailleurs sur ce point : il est nécessaire de s’exprimer ensemble afin d’avoir l’impact le plus important possible. « Si on ne réagit pas en 2017, les baisses risquent d’être encore plus drastiques en 2018 », prévient Mounir El Harradi.
Une réaction d’autant plus nécessaire que, dans une lettre du Préfet de la Moselle à l’adresse du Maire de Metz, celui-ci est invité à lui « faire part de [ses] propositions sur les dossiers pour lesquels les subventions de l’État qui ne seront finalement pas allouées ». Un choix entre les actions maintenues et sacrifiées que la Ville se refuse à faire. Vincent Villemin, directeur de la MJC Metz-Borny, s’insurge face à cette nouvelle : « c’est une façon pour l’État de se déresponsabiliser en laissant la ville choisir ». Au centre social Pioche, le directeur, Frédéric Lorenzi, s’inquiète : « si l’État peut décider de qui est touché par cette décision, il faut s’assurer qu’il ait une vision claire de la réalité des associations ».
Les contrats aidés, autre raison de s’inquiéter ?
La question des contrats aidés ne tarde pas non plus à revenir au centre des débats. « Il faut que le message associatif soit fort : on doit montrer notre utilité, les compétences de nos salariés qui interviennent sur le terrain », insiste Audrey Donadel, directrice du pôle éducation, loisirs et solidarité au PEP 57. L’exemple des Restos du Coeur qui serait épargné par cette mesure interroge les associations. « Comment l’État choisit-il ce qui est une association ou un emploi utile ? questionne Gaëlle Todeschini, animatrice de territoire à la Passerelle. Quels sont les critères de sélection ? »
Les sources de mécontentement ne manquent donc pas. Afin de faire réagir les pouvoirs publics, une décision est prise : il faut écrire une lettre ouverte, adressée aux politiques et un communiqué de presse mettant en avant les conséquences concrètes de cette mesure. Ces derniers seront rédigés le mercredi soir pour un envoi rapide. En effet, les manifestations du 12 septembre approchent alors il n’y a pas de temps à perdre pour occuper l’espace médiatique !