Alors que les élections se rapprochent, la Fondation Abbé Pierre a décidé de donner la parole à ceux que l’on entend trop peu, lors d’une marche gourmande et citoyenne.
Ils étaient près de 150, samedi dernier, à s’être réunis, suite à l’appel de la Fondation Abbé Pierre. Tous prêts à parcourir les 10 km qui séparent Woippy de Metz Borny. « On a décidé d’organiser cette marche suite à la mise en place d’un plan stratégique au niveau national, explique Régine Rodriguez, responsable de la pension de famille de Woippy. L’objectif est de faire remonter la parole de ceux qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer dans le débat public. »
Pour se faire, l’idéal était de traverser les quartiers populaires, « qui ne vont pas voter », regrette Régine Rodriguez. Le parcours reliait Woippy St Eloy à Metz Borny, en passant par Bellecroix. Lors de cette journée dédiée à la citoyenneté, les langues se sont déliées, alors que les élections présidentielles n’ont jamais été aussi proches. « Les participants sont invités à déposer leurs doléances dans des enveloppes à la fin du trajet. L’idée, c’est de leur donner la possibilité de s’adresser aux candidats », précise Régine Rodriguez. Ces messages seront ensuite transmis au siège de l’Abbé Pierre, à Paris. L’association, présente dans le débat politique, pourra ainsi transmettre la parole des « sans-voix » aux politiques.
Une mosaïque de solutions pour résoudre les problèmes du quotidien
Afin de donner une voix à cette population que l’on ne laisse pas souvent s’exprimer, la pension de famille a, également, été recueillir la parole à Woippy, dans les rues ou lors des marchés. Plus de 200 personnes leur ont communiqué les problèmes auxquels ils sont confrontés quotidiennement : isolement, logements trop chers, baisse du pouvoir d’achat, manque d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap,…
L’association a alors créée une mosaïque de problèmes à laquelle elle a associé une mosaïque de solutions. Parmi celles-ci, la mise en place d’un comité citoyen, qui se rassemblerait pour rendre visite aux personnes seules ou encore la transformation de la pension de famille en table d’hôte une fois par semaine. Tous ces axes de réflexions ainsi que les problématiques soulevées par les habitants ont ensuite été communiqués au siège de l’Abbé Pierre, à Paris. « On fait aussi passer le message à la municipalité », ajoute Régine Rodriguez.
10 km, ça use et ça creuse
Si la marche se voulait avant tout citoyenne, elle n’en était pas moins gourmande. « On voulait amener une part de plaisir et une forme de convivialité, qui permettent d’associer nos partenaires à cette journée. Comme le disait l’Abbé Pierre, « seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin » ». Une occasion pour les citoyens de partager autour de bons petits plats.
François, Marguerite et Patrice, frères et soeurs, ont ainsi particulièrement apprécié les moments de pause : « Le couscous était délicieux et les gâteaux turcs valaient le détour », se réjouissent ces grands marcheurs. Pour les amies, Lorraine et Marianne, « la nourriture n’est pas ce qui nous a donné envie de participer à la marche mais ça rajoute un côté fun que l’on apprécie». Emeline, quant à elle, retient avant tout l’aspect démocratique : « Il y a un vrai problème de lien entre les représentants politiques et les quartiers populaires. Cette marche peut présenter une autre forme de citoyenneté. » C’est tout du moins ce qu’espère la fondation Abbé Pierre.