C’était l’une des promesses de campagne de François Grosdidier, augmenter les effectifs de la police municipale et mettre en place une police de proximité à Metz. Pour la réalisation de ce projet, Hervé Niel, adjoint au maire en charge de la coordination de la police municipale, de la réglementation et de l’antenne d’urgence, conseiller tranquillité publique. Nous sommes donc allés à la rencontre de M. Niel qui a accepté de répondre à nos questions.
Le personnage Hervé Niel
Lorsque l’on rencontre Hervé Niel, on découvre un homme accessible, maniant avec brio ironie et bons mots. Celui qui fut directeur de la sécurité publique en Moselle et commissaire central de Metz est entré dans la Police en 1978. Il en est sorti en 2019 en tant qu’inspecteur général honoraire de la Police Nationale. Lui, se considère comme « un flic » plutôt qu’un « fonctionnaire de Police », la subtilité de la différence lui appartient. A notre arrivée au 57 rue Chambière, M. Niel nous accueille, une écharpe jetée sur les épaules et petites lunettes rouges sur le nez. Il nous propose des cafés qu’il prépare lui-même et la discussion peut débuter.
Police de proximité, un pléonasme
A la suite des mouvements sociaux successifs tels que les manifestations contre la « loi travail », le mouvement des « gilets jaunes » ou plus récemment ceux concernant la réforme des retraites, les rapports entre police et population se sont dégradés. Il est donc bon d’entendre des propos rassurants de la part d’un élu et, à fortiori, d’un ancien cadre de la Police Nationale. En effet pour M. Niel, la mission de la police est claire, c’est « rendre service aux habitants, être au service du public« . Il est donc, pour lui, primordial pour une ville comme Metz d’avoir une police de proximité. Pour le citer, le terme de police de proximité est un pléonasme.
Organisation de la police de proximité
Afin de garantir un bon fonctionnement de cette police de proximité, M. Niel explique que la ville de Metz a été sectorisée. Pour mettre en place des îlots de policiers elle a été découpée en 5 secteurs. Sablon, Centre-ville, Borny/Technopole, Vallière/Bellecroix, et Devant-les-Ponts/Metz-Nord. Sur ces secteurs seront donc regroupés de petits îlots de 3 à 6 policiers. Pour l’instant 28 policiers sont affectés à cette mission. D’ici septembre 2021 les effectifs passeront à 38 policiers de proximité. Les patrouilles se déroulent la plupart du temps à pied, dans le but d’être au plus proche de la population. Les policiers de proximité sont épaulés par des unités d’appui véhiculées, qui peuvent venir en renfort et être appelées à tout moment en cas de problèmes.
Les missions de la Police de proximité
La mission principale de cette police, est d’être au contact direct des habitants. Les agents doivent pouvoir recueillir leurs doléances, les traiter et si besoin, alerter d’autres services. Ces policiers doivent être connus de la population des différents quartiers et inversement. Ils sont affectés à un unique quartier, pour leur permettre de connaitre les habitants, les commerçants, les syndics, les bailleurs ou les travailleurs sociaux et d’êtres, eux-mêmes identifiables. Pour simplifier les échanges avec le public, ils sont dotés de téléphones et de cartes de visites. Les équipes sont composées exclusivement de volontaires. Ces volontaires ont eu des journées de sensibilisation sur ce que doit être une police de proximité. M. Niel explique que durant ces formations, ont leur a rappelé par exemple, qu’ils étaient les premiers représentant de la municipalité, l’image de marque de la mairie. Le but de cette police est de traiter les problèmes dans leur globalité, sur le modèle des polices canadiennes ou celles des pays nordiques. Pour résumer, « le policier prend la doléance, voit qui il doit saisir et fait l’interface avec l’administration ou avec les principaux acteurs du quartier« . L’idée n’est pas juste de réaliser des verbalisations, mais de participer pleinement à la résolution des problèmes, de A à Z. M. Niel espère que cela permettra un rapprochement avec la population et surtout avec les jeunes.
Equipement et vidéosurveillance
L’équipement de la police de proximité est le même que celui de la police municipale. Ces policiers sont armés et équipés d’armes « non létales », telles que les bombes lacrymogènes, ou autres bâtons de défense. Des pistolets à impulsions électriques et des caméras piétons viendront bientôt compléter leur attirail. La vidéosurveillance sera également un outil supplémentaire pour les volontaires de la police de proximité. Elle leur permettra de faire cesser un délit dans un délai très court. Pour M. Niel, elle est aussi dissuasive et une aide précieuse à la résolution des enquêtes. Il se veut rassurant sur l’utilisation des caméras, qui, selon son expérience et en pratique, ne portent pas atteinte aux libertés individuelles. Il affirme que la vie privée est respectée et explique que les caméras ne filment que le domaine publique. Il se réfère à la loi, qui stipule par exemple que les images sont gardées 15 jours et ne peuvent être exploitées que par la police nationale sur réquisition d’un Officier de Police Judiciaire.
Un commissariat mixte bientôt à Borny ?
Lors d’une réunion d’échange autour du projet de l’ANRU à Borny à laquelle nous avons assisté, François Grosdidier avait évoqué la création d’un commissariat mixte comme celui qui existe à Woippy. Hervé Niel confirme que ce projet est à l’étude, mais que la vocation d’un policier de proximité n’est pas d’être enfermé dans un bureau, mais d’être présent sur la voie publique. Pour l’instant, le point de repli ou bureau, restent les mairies de quartier. Il avoue finalement (sans torture) que des locaux sont toutefois recherchés pour la mise en place de ce type de commissariat. Un lieu où police municipale et nationale pourraient être réunies à Borny. Pour M. Niel l’idée est bonne, dans le sens où cela créerait une implantation forte de la police municipale sur l’est de Metz. Il ne précise pas le calendrier, mais le commissariat devrait voir le jour durant le mandat de François Grosdidier.
Pour conclure, Hervé Niel enfonce le clou. Il le répète, pour lui, « la police de proximité, c’est tout simplement la police« . Et pour répondre à ses détracteurs (de tous bords), il explique, que c’est Charles Pasqua qui a inventé la police de proximité, et que l’idée sera reprise par Jean-Pierre Chevènement, ironisant ainsi sur l’idée que c’est une invention de la gauche. Pour lui c’est une excellente idée qui n’a pas de couleur politique. Il regrette qu’elle ait un temps été abandonnée, car la police n’est devenue que réactive à défaut d’être proactive. Il terminera l’entretien par ces mots « A force de n’être que réactif on perd le contact« .