La deuxième édition du festival de l’association Bouche à Oreille a eu lieu à Borny, dimanche 10 juillet au Parc du Grand Domaine et à la Bam. Le public pouvait s’amuser en parcourant la « fête foraine décalée » à l’extérieur. Des spectacles, des attractions pour toute la famille étaient accessibles librement et gratuitement. À La BAM, l’association proposait un parcours artistique de « formes courtes », une série de pièces de théâtre et de performances ou encore de la danse.
Dehors, on s’amuse, on rit, on joue, on manipule
Selfie Shoot (BAO)
Swing Carlo (Cie La Roue Libre)
Buggy Dingo… (BAO)
… et les Douze Travaux et le Tohu Bahut
Manège Le Bestiaire Alpin (Cie Toupine)
La Mare aux Champignons (Cie Hama le Castor)
Performance chorégraphique et plastique avec Francis Muth et Perrine Da Campo
À l’intérieur, on crée, on participe et on frémit
18 bobines de fils rouges (Cie Les Bestioles / BAO)
Une histoire, un casque, une bobine, les spectateurs deviennent acteurs en déroulant des bobines de fils rouges pour créer une toile, un réseau, des connexions entre différentes histoires vécues. Ces histoires ont été recueillies sur plusieurs années par Bouche à Oreille et publiées sous forme de fanzine, le bien nommé Légendes Urbaines.
Catherine, Reine de la Résilience (Cie Pardès Rimonim / BAO)
La voix que l’on entend, est vraie, c’est celle de Catherine qui raconte sa propre histoire. Entre la peur de sa mère maltraitante et les absences récurrentes de son père routier, elle s’accroche aux petits gestes du quotidien. Dans cette pièce sombre comme certains souvenirs, une jeune comédienne incarne Catherine. Sur les paroles enregistrées par la véritable protagoniste et une musique oppressante, la jeune fille répète alors ces gestes, presque inlassablement, en attendant le retour de son père comme une délivrance.
Le Banquet (BAO)
Les spectateurs s’installent autour d’une table lumineuse sur laquelle est disposée de la vaisselle colorée. Ils ont quelques minutes pour rassembler assiettes et autres couverts de même couleur, dans un joyeux fracas et en faire des sculptures éphémères.
Jacques Souvenir (Cie 22)
Jacques, un personnage haut en couleur, passe de la nostalgie, à l’exaltation, à une douce mélancolie en racontant ses souvenirs télévisuels. Pour fuir un présent sans doute trop dur et trop réel, il se calfeutre dans son salon, se remémore Marie Myriam et autres madeleines de jeunesse. Entre speakerines, et dessins animés, l’enfant c’est lui.
You must love me (Sarah Baltzinger, Isaiah Wilson)
C’est un événement tragique, une tentative de féminicide, que raconte You must love me. Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson se sont attachés à questionner la « romantisation » des violences domestiques et de la violence en général. Dans une quasi-obscurité deux corps sont immobiles. La musique minimaliste faîte de basses fréquences, provoque le malaise. Les corps s’animent peu à peu, d’abord elle, puis lui, dans une gestuelle désarticulée, à la fois souple et saccadée. Cela nous rappelle quelque chose, oui, le retour en arrière vidéo, le « rewind ». L’histoire est racontée à l’envers. On pense alors au film Irreversible (Gaspar Noé, 2002), à la fois pour le procédé et pour sa violence. Sauf qu’ici, même si elle est suggérée, cette violence racontée est réelle. En commençant par l’issue tragique, les corps inertes deviennent poupées de chiffons et évoquent une emprise mentale et physique jusqu’au dénouement (heureux ?) de leur rencontre. Ce retour en arrière parfaitement mis en scène et exécuté par Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson, nous ramène à l’idée que ce drame (comme bien d’autres) aurait pu, aurait dû être évité.
Pour la soirée, Bouche à Oreille proposait 3 concerts. Sur la scène de La Bam, le public a pu applaudir Meckra, JM5, Ya Lil et Farid Raï. Cette deuxième édition de « Bim Bam Boum Voilà l’été » a vu passer un bon millier de spectateurs, un vrai succès. Alors, vivement l’année prochaine !