Le concours photo #ClichéContreCliché avait pour but de proposer un nouveau regard sur les quartiers politiques de la ville. Pour participer, pas besoin d’un équipement de professionnel : un smartphone et un compte Instagram suffisaient. Ils étaient une vingtaine à être récompensés, vendredi 24 mars à Paris. Parmi ces lauréats, Tatiana, une habitante de Borny.
Crédit : Politique de la Ville
Cela fait tout juste deux ans que Tatiana habite à Borny mais l’idée de participer au concours #ClichéContreCliché pour donner une autre image du quartier l’a tout de suite intéressée. « C’est un concept qui me parle. Les quartiers sont toujours stigmatisés et, du coup, on passe à côté de l’aspect esthétique de ces endroits.»
Elle n’a pas attendu le concours pour proposer à ses abonnés Instagram une autre vision de Borny. « J’habite au 14ème étage donc j’ai une vue très dégagée du quartier. Je prends des photos des bâtiments, du ciel, des nuages,…» C’est d’ailleurs un de ses anciens clichés qui a été salué par le jury. Une photo comme celles partagées par tous les vacanciers : les pieds en éventail avec le soleil en arrière plan. Sauf qu’ici, Tatiana n’était pas à la plage mais sur son balcon. « Je n’ai pas vraiment essayé de faire passer un message mais le côté décalé a plu apparemment», se réjouit-elle.
Une photo au cœur des débats
L’autre cliché sélectionné est, lui, plus récent et a été pris avec en ligne de mire le concours. Un tag comme l’on en voit partout à Metz mais dont le message surprenait : love ta mère. « La photo a créé un débat houleux au sein du jury, explique Tatiana. La formulation pour certains ressemblait trop à une insulte. C’est justement ce qui est drôle !»
Tatiana, comme la vingtaine d’autres lauréats, a été invitée au vernissage de l’exposition Cliché contre cliché à la Philharmonie de Paris. « Ils m’ont contacté par Instagram, une semaine avant l’événement. Pour s’organiser, ce n’est pas l’idéal», regrette-t-elle.
Une récompense avant une première exposition ?
Au programme : petits fours, verres de vin et discours. « Tous les lauréats ont pu s’exprimer quelques instants lors de la remise des prix, se rappelle Tatiana. Ce n’est pas de chance mais nous sommes trois à avoir été oubliés.» Elle a, en revanche, pu échanger quelques mots avec la secrétaire d’état à la politique de la ville, Hélène Geoffroy, présente pour l’occasion. Outre ses photos encadrées, Tatiana a aussi reçu deux places pour l’exposition « Jamaïque, Jamaïque». « Je ne vais malheureusement pas pouvoir en profiter mais je les ai transmises à une amie».
La journée était vraiment placée sous la signe de la réussite pour Tatiana puisqu’elle a ensuite réussi à vendre un de ses clichés : « en rentrant, dans le train, j’avais mes cadres à la main. Ils ont plu à un des passagers. Du coup, il a acheté la photo de mes pieds !» Pour continuer sur cette voie, Tatiana espère exposer ses nombreux clichés dans une salle à Borny mais aussi au centre ville « pour faire découvrir le quartier sous un autre œil».